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Des hippopotames à Madagascar

On aurait pu croire que le film d’animation « Madagascar » affabulait totalement, et pourtant, il y a bien quelques faits réels dans cette histoire. Des hippopotames vivaient effectivement sur cette île de l’Océan indien il y a encore quelques siècles. Mais comment l’avons-nous appris ? Et que sait-on de ces populations insulaires ? C’est que George LYRAS souhaite nous raconter dans les années à venir grâce à sa récente visite au Musée national d'Histoire naturelle financée par le programme SYNTHESYS.

Le Muséum national d'Histoire naturelle (Musée national d'Histoire naturelle) abrite une collection vraiment exceptionnelle de subfossiles (fossiles récents) découverts à Madagascar.

En effet, si aujourd’hui plus aucun hippopotame ne vit à Madagascar, c’était encore le cas il y a quelques siècles comme en atteste leur présence dans les contes de la tradition orale des peuples malgaches.

Et comment le sait-on ? Grâce au naturaliste français du Musée national d'Histoire naturelle, Alfred Grandidier (1836-1921) qui fut le premier explorateur européen à découvrir des restes de ces animaux sur l’île. S’étant rendu à Madagascar pour explorer la biodiversité de ce site d’exception, et selon les indications d’un chef de village, il s’est enfoncé dans la forêt jusqu’à un marécage où il allait trouver les restes d’une « vache qui n’est pas une vache » (ce sont les mots du chef de village). Evidemment, ces vaches qui n’en étaient pas se sont avérées être des hippopotames… Et nous savons aujourd’hui que les hippopotames malgaches étaient des hippopotames nains, comme c’est toujours le cas des espèces insulaires. En effet, tous les mammifères, lorsqu’ils se retrouvent isolés sur une île, évoluent sous une forme naine de leurs congénères continentaux. Mais ce qui est plus étonnant concernant les hippopotames de Madagascar, c’est qu’ils ont évolué pour leur propre compte au point de donner naissance à au moins deux espèces distinctes.

Les représentants de l’espèce Hippopotamus lemerlei vivaient dans les plaines où ils trouvaient des marais et de grandes rivières. L’autre espèce, quant à elle, Hippopotamus ‘madagascariensis’, occupait préférentiellement les zones montagneuses et s’était vraisemblablement adaptée à un mode de vie plus terrestre.

De nombreuses études ont été menées sur la morphologie du crâne de ces animaux, mais quasiment aucune n’a porté sur le squelette postcrânien. L’objectif de la visite de George LYRAS, chercheur au Muséum de Paléontologie (Université d’Athènes, Zografos, Grèce), dans le cadre du programme SYNTHESYS, est donc de mener son enquête dans les collections de Paléontologie du Musée national d'Histoire naturelle afin d’identifier des caractères morphologiques du squelette dans son ensemble pour pouvoir plus facilement distinguer les deux espèces.

Hippopotamus madagascariensis, spécimen fossile conservé au Muséum

© MNHN