Sonosylva : Écouter les forêts pour mieux les protéger

30 septembre 2024

Lancé par l’Office français de la biodiversité (OFB) et le Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN), le projet Sonosylva enregistre les sons de 103 forêts protégées en France.

Une première saison d’enregistrement débutée en mars 2024 vient de s’achever en cette fin de mois de septembre. Elle a permis de s’assurer de la validité du dispositif mis en place et sera suivie de deux nouvelles campagnes en 2025 et 2026. Grâce aux techniques innovantes de l’écoacoustique, ce programme à grande échelle doit permettre de dresser le paysage sonore de nos forêts sur le temps long, avec de multiples applications : surveillance de la biodiversité, analyse de la pollution sonore ou encore sensibilisation des citoyens à la préservation du vivant.

La France dispose d’un patrimoine naturel d’une grande diversité. Face à l’ampleur des menaces qui pèsent sur la faune, la flore et leurs habitats, mieux comprendre les espèces, les milieux, les services rendus par la biodiversité et les menaces qu’elle subit est essentiel pour protéger le vivant.

Porté par l’OFB et le MNHN, S⊙N⊙SYLVA teste la mise en place d’un plan de suivi de la biodiversité terrestre dans les forêts des espaces protégés de l’Hexagone, grâce aux techniques de l'écoacoustique (une discipline récente des sciences écologiques), avec une ambition affirmée : établir le premier référentiel national de la diversité sonore des forêts françaises.

Un dispositif large et non invasif

Pour la première année d’enregistrement, entre mars et septembre 2024, des magnétophones autonomes ont été implantés au sein de 103 forêts protégées en France hexagonale et en Corse. Chaque appareil enregistre son environnement sonore pendant une minute toutes les 15 minutes, un jour sur deux. Ce dispositif a l’avantage de permettre une surveillance non-invasive des milieux étudiés.

Une deuxième saison d’enregistrements sera mise en œuvre entre mars et septembre 2025, puis une troisième en 2026.

Des objectifs ambitieux, au service de la biodiversité

Les objectifs de ce projet sont de plusieurs natures :

Surveiller et mieux comprendre la biodiversité, en estimant les niveaux de diversité acoustique à l’échelle nationale et localement ;
Analyser la pollution sonore, en évaluant le niveau de pression anthropique dans les espaces protégés par la mesure du bruit qui y règne ;
Réaliser un inventaire du patrimoine naturel, en construisant une sonothèque de référence des paysages sonores forestiers de l’Hexagone ;
Mobiliser les acteurs et les citoyens, par le développement d’actions de sensibilisation des gestionnaires d’espaces protégés et du grand public à la diversité acoustique, et à l’intrusion de la pollution sonore sur leurs territoires.

Un projet innovant, amené à se pérenniser

L’analyse des signaux acoustiques permet d’estimer la complexité sonore, de décrire la composition des paysages sonores (présence d’oiseaux, d’insectes, de vent, de pluie, d’avions, de voitures ou d’autres machines humaines), ou de déterminer les espèces présentes.

Après trois ans de suivis et d’enregistrements, des analyses seront réalisées à l’aide d’outils d’analyse acoustique et d’intelligence artificielle, offrant une première estimation du niveau de diversité sonore, par grande catégorie de milieux forestiers (forêt de montagne, forêt de plaine, forêt littorale, forêt méditerranéenne). Des questions de mise en œuvre concrète, comme la période optimale d’enregistrement ou la gestion des données, seront aussi abordées par le projet, car les réponses qui pourront être apportées sont indispensables pour envisager l’utilisation des suivis acoustiques dans un programme de surveillance.