Centre de recherche
Station marine de Dinard
Site du Muséum national d’Histoire naturelle situé en Bretagne, la station marine de Dinard est l’héritière d’une longue histoire, marquée par l’influence du commandant Charcot et d’une cohorte de scientifiques renommés. Elle étudie, dans le double contexte de l’érosion de la biodiversité et du changement global, les écosystèmes marins, la biodiversité qu’ils abritent et leurs réactions face aux pressions environnementales, liées ou non aux activités humaines.
L’histoire de la station marine de Dinard
La station marine de Dinard est l’héritière de la station de biologie marine que le Muséum a installée en 1881 sur l’île de Tatihou en Normandie, puis déménagée à Saint-Servan (aujourd’hui devenu un quartier de Saint-Malo) dans l’anse Solidor. C’est sous l’influence du commandant Charcot qu’avait eu lieu ce déménagement. Le Pourquoi-Pas ?, amarré pour l’occasion dans le port de Saint-Servan, a même en son temps servi de laboratoire d’accueil pour les scientifiques de la station.
Les locaux devenus trop petits, la station marine, son laboratoire, son aquarium, ses collections et ses ouvrages s’implantent en 1935 dans la magnifique villa « Bric-à-Brac » à Dinard pour plus de 7 décennies.
En 2008, de nouveaux locaux sont construits spécialement pour accueillir la station marine, et offrir un outil de travail moderne aux chercheurs. Le Muséum national d’Histoire naturelle a été l’initiateur, le porteur et le financeur principal du projet, pour lequel il a reçu des appuis des collectivités locales (Conseil Régional de Bretagne, Conseil Général d’Ille-et-Vilaine, Pays de Saint-Malo, Ville de Dinard) ainsi que de l'Ifremer, qui, associé au projet de construction, implantera son « Laboratoire Environnement Ressources Bretagne Nord » dans les locaux de la station marine de Dinard.
L'exploration de la biodiversité et des écosystèmes marins
Les scientifiques de la station marine de Dinard étudient les écosystèmes aquatiques côtiers et estuariens, la biodiversité qu’ils abritent, et leurs variations sous l’effet de pressions extérieures, tout particulièrement d’origine anthropique, locales ou plus globales. La notion de socio-écosystèmes et le suivi de leurs coévolutions occupent une part primordiale des activités et réflexions de la station.
La station est une plateforme de moyens à la mer et de moyens expérimentaux pour le Muséum et ses partenaires. Elle participe à des réseaux nationaux d’observation du milieu marin et vient en appui aux politiques publiques (gestion des pêcheries, suivi des directives européennes, dont la Directive-cadre sur l’eau et la Directive-cadre stratégie pour le milieu marin).
La station mène des projets de recherche dans le cadre des activités de trois unités de recherche, dont elle accueille de manière pérenne plusieurs chercheurs :
- l’Institut de Systématique, Évolution, Biodiversité - ISYEB ;
- le laboratoire de Biologie des organismes et des écosystèmes aquatiques – BOREA ;
- PatriNat, le centre d’expertise et de données sur le patrimoine naturel.
Elle accueille également deux équipes propres menant des travaux d’expertise.
Des sujets au cœur des préoccupations sociétales
Les travaux menés au sein de la station marine de Dinard s’inscrivent résolument dans le cadre des grandes préoccupations sociétales actuelles, en plaçant aux premiers rangs l’érosion de la biodiversité, le changement global, ainsi que les impacts directs des activités humaines en mer.
Recherche scientifique, Observation et Expertise sont donc les mots-clés des travaux menés à la station. Tous ont pour but l’exploration des écosystèmes marins et le décryptage des relations entre biodiversité, fonctionnement des écosystèmes et pressions environnementales.
Ces travaux de recherche s’articulent autour de grandes thématiques :
- poissons migrateurs amphihalins et à dépendance côtière, dont l’étude est abordée par différentes approches complémentaires (modélisation des habitats, télémétrie acoustique et satellite, otolithométrie, microchimie, analyse des isotopes stables et génétique des populations) et à différentes échelles géographiques et temporelles ;
- biodiversité des habitats rocheux, avec l’exploration et la surveillance des communautés de poissons des zones intertidales, des habitats côtiers rocheux et des herbiers à phanérogames (comptages visuels en plongée et photographie sous-marine, ADN environnemental, échosondage...) ;
- mammifères marins, espèces sentinelles de la qualité du milieu, étudiées par des approches de taxonomie moléculaire incluant des inventaires spécifiques menés grâce à l’ADN environnemental, et des approches de génétique des populations ;
- habitats et biodiversité benthique, dans le double cadre de la Directive-cadre sur l’eau et du réseau BenthOBS de l’Infrastructure de Recherche Ilico, et reposant sur les compétences des benthologues de la Station en matière d’échantillonnage de terrain et d’analyse taxonomique de la macrofaune benthique ;
- suivi de la pêche des élasmobranches (requins, raies…), dans le cadre du règlement européen, Data collection Framework, dont le but est de collecter, analyser et partager des données sur la pêche. L’analyse des captures d’élasmobranches dans les pêcheries et en criées permet aussi d’identifier les risques de confusions entre espèces, dont certaines sont en danger.
Une station ancrée dans son territoire, mais qui s’internationalise aussi
Les travaux menés à la station marine de Dinard se focalisent essentiellement sur le golfe Normand-Breton et particulièrement la baie du Mont Saint-Michel, l’archipel de Chausey et le bassin marémoteur de la Rance ; et plus largement sur les estuaires bretons et de l’Ouest de la France (Loire, Seine).
L'expertise s’étend également à plus large échelle vers d’autres écosystèmes tempérés, tropicaux et polaires, et plusieurs projets sont menés en Outre-mer (Guadeloupe, La Réunion...) et à l’international (Europe, Japon, Madagascar...).
Réputés sur le plan international, les scientifiques de la station restent en prise avec le contexte local et national, car les connaissances acquises constituent une aide à la décision pour les collectivités locales, les élus, les administrations, et viennent en soutien à la mise en œuvre des politiques publiques. Ceci dans le but d’être en capacité de répondre aux demandes sociétales d’expertise et de développement soutenable des ressources marines.
À titre d’exemple, plusieurs travaux sont menés à la station concernant les impacts des implantations des parcs éoliens en mer, et plusieurs membres de la station marine de Dinard participent en tant qu’experts aux réflexions nationales sur ce sujet.
La station et les sciences participatives
L’un des objectifs de la station marine de Dinard est également de mieux faire connaître au grand public les écosystèmes marins, leur biodiversité et les menaces environnementales qui les concernent. La zone littorale, ses ressources et les enjeux de sa préservation sont particulièrement concernées.
La station marine de Dinard développe, depuis plusieurs années, en commun avec l’association Planète mer un programme de sciences participatives portant sur la biologie du littoral BIOLIT. Ce programme de sciences participatives s’inscrit dans le programme Vigie-Nature du Muséum.
Les études menées sur les mammifères marins font aussi appel aux sciences participatives, et les activités des associations Al Lark dans le golfe normand breton, de Picardie Nature en Normandie, de longitude 181 à l’Île Maurice ou encore de l’Observatoire des Mammifères Marins de l’Archipel Guadeloupéen (OMMAG) dans les Antilles sont particulièrement importantes pour des projets menés à la station.
L’enseignement à la station marine de Dinard
La formation par la recherche est largement développée à la station marine de Dinard : des doctorants y effectuent leurs travaux de thèse, et des étudiants de Master 1 et 2 y sont régulièrement accueillis pendant leurs stages.
La station marine de Dinard accueille aussi chaque année des stages de terrain, à pied ou en plongée sous-marine, permettant de découvrir la diversité des milieux côtiers et les enjeux de société dans la région de Dinard. Ces stages d’enseignement se situent dans le cadre de Masters du Muséum, de l'Université de Rennes-I et de l’université de La Rochelle.
Et, comme l’avenir repose aussi sur les plus jeunes, la station se veut créatrice et accompagnatrice de vocations et elle s’ouvre chaque année à une petite palanquée de collégiens à l’occasion des stages de troisième.