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Le chat domestique est-il une menace pour la biodiversité ?
Il a beau être domestiqué, le chat d’appartement ou de maison reste un félin taillé pour la chasse. Ses prédations mettent-elles en péril la biodiversité ? De façon limitée, à condition de les contrôler.
Chat domestique, chat errant
Environ 600 millions de chats dans le monde, 15 millions en France : les chiffres sont impressionnants et en constante augmentation. Et ils ne concernent que les chats déclarés par leurs propriétaires. Il y aurait autant de chats errants. Or, lâché dans la nature, un chat retrouve ses instincts de félin prédateur.
Chasseur de rongeur
C’est une étude américaine de 2013 qui a donné l’alerte. Elle indiquait que les chats domestiques circulant en liberté tuaient chaque année aux États-Unis entre 1,4 et 3,7 millions d’oiseaux et 6,9 à 20,7 millions de petits mammifères. En France, un programme participatif a été conduit entre 2015 et 2022 par le Muséum et la société française pour l’étude des mammifères. 38 000 observations des proies rapportées par les matous confirment que le chat est avant tout un spécialiste des petits mammifères (à 68 %), et plus spécifiquement des rongeurs. Viennent ensuite les oiseaux (22 %) puis les reptiles (lézards, petits serpents, à 8 %).
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Un péril indirect pour une faune fragilisée
Une cinquantaine d’espèces de petits mammifères sont consommées par le chat en Europe occidentale, dont des petits rongeurs protégés (écureuil roux, lérot…). Il s’attaque également à de nombreuses espèces de petits passereaux. Pour autant, le chat n’est pas le responsable direct du déclin des oiseaux communs. Leur raréfaction tient avant tout à la disparition des insectes et la perte d’habitat. Le chat représente toutefois une pression supplémentaire importante sur une population fragilisée.
Il impacte aussi les populations de chat forestier, par un appauvrissement génétique dû à des croisements entre ces deux espèces, ou à la transmission de maladies jusque-là inconnues chez ces animaux sauvages.
Un prédateur parmi d'autres
L’introduction du chat dans des milieux vulnérables, par exemple dans des îles comme l’archipel arctique des Kerguelen, a été dévastatrice pour les populations endémiques. Les chats y sont désormais interdits.
Dans les zones où il n’est pas une espèce invasive, dans les campagnes françaises par exemple, le chat est un prédateur parmi d’autres. Les oiseaux y sont aussi chassés par des chats forestiers, des martres, des fouines, etc. Dans un écosystème équilibré, les oiseaux savent éviter ces dangers. Dans les villes, c’est la concentration des félins qui aggrave l’impact de leurs prises, car elles sont démultipliées.
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Un animal de compagnie à surveiller
Le chat reste un animal domestique prisé. Pour sa compagnie, mais aussi parfois pour lutter contre la prolifération des souris, voire des rats, dans les maisons, les lieux de stockage.
Pour éviter que ces compagnons à poils ne nuisent à des espèces déjà menacées, il convient donc de limiter leur nombre. Par des campagnes de capture et de stérilisation des chats errants, et en incitant les propriétaires à faire de même. Il est également possible de contrôler ses sorties de chasse : en le gardant à l’intérieur, particulièrement au moment des nidifications ou des envols des jeunes oiseaux, en jouant régulièrement avec lui, et bien sûr en lui assurant une alimentation suffisante.
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