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Qu'est-ce qui différentie l'agriculture bio de l'agriculture conventionnelle ?
Puisant ses racines dans les années 1920, l’agriculture biologique se développe en France dans la période d’après-guerre comme une alternative à l’agriculture qualifiée aujourd’hui de conventionnelle (densification des animaux dans les élevages, importance du couple maïs/soja dans l’alimentation animale, protection des plantes par la chimie de synthèse, fertilisation par les engrais de synthèse).
Un secteur prometteur
Le respect d’un cahier des charges (devenu public en France en 1981 puis en Europe en 1991) par les agriculteurs, l’industrie de la transformation et les commerçants est certifié par des organismes extérieurs, condition nécessaire à l’utilisation du logo officiel AB.
Pour les productions végétales (céréales, fruits et légumes, etc.) ce cahier des charges repose surtout sur l’interdiction de l’usage de produits de synthèse (pesticides, engrais) et d’OGM.
Pour la production animale (viande, lait, œufs), l’alimentation bio doit être principalement produite sur la ferme, les densités d’animaux sont faibles et l’accès au plein air obligatoire. L’ensemble de ces pratiques limite l’exposition des consommateurs aux résidus de pesticides, les atteintes à la biodiversité sauvage dans les espaces agricoles et améliorent le bien-être animal. L’agriculture biologique emploie également 50 % de personnes en plus à production équivalente.
En 2017, 6,5 % de la surface agricole française est consacrée à l’agriculture biologique avec une progression rapide (> 10 % par an). Le principal argument contre l’agriculture biologique repose sur ses plus faibles rendements (selon les productions : de 0 % à 50 % en moins), lesquels rendrait impossible une généralisation à grande échelle. Les efforts de recherche en bio (très nettement inférieurs à ceux en conventionnel depuis 70 ans) et le déploiement des pratiques agroécologiques laissent cependant espérer des marges de progrès encore importantes, en particulier dans les pays en développement. Pour comparaison, le rendement moyen mondial en blé (toutes pratiques confondues) est de 3,5 t/ha, ce qui correspond au rendement moyen observé en France pour le blé bio, pratiqué avec des variétés pourtant mal adaptées.
Une agriculture qui soulève des problèmes
Les autres critiques récurrentes de ce mode de culture concernent son prix, l’insuffisance des preuves de bénéfices pour la santé et certaines pratiques problématiques sur le plan environnemental (le travail du sol comme alternative aux herbicides, l’usage intensif du sulfate de cuivre pour lutter contre les maladies des plantes). Les études épidémiologiques récentes montrent cependant des bénéfices santé à confirmer pour les consommateurs de produits biologiques, tandis que l’incorporation systématique des pratiques agroécologiques à l’agriculture biologique pourrait améliorer à l’avenir son bilan environnemental.
Samuel Rebulard, ingénieur agronome, agrégé de sciences de la vie et de la terre, enseignant à l’université Paris-Saclay
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